En 2023, plus de 70% des adolescents ont rapporté se sentir anxieux après une session sur les réseaux sociaux. Pourquoi ces plateformes, censées nous rapprocher, créent-elles parfois plus de détresse que de lien ? Cet article explore comment les nouveaux réseaux sociaux influencent l’équilibre psychologique des adolescents, en s’appuyant sur des études récentes et des observations scientifiques.
BeReal et l’authenticité : Une bonne ou une mauvaise chose ?
BeReal est une application de réseau social qui encourage ses utilisateurs à partager des moments de leur vie quotidienne de manière spontanée et sans artifices. Contrairement aux plateformes traditionnelles, comme Instagram ou TikTok, où les utilisateurs peuvent passer beaucoup de temps à retoucher des photos ou à sélectionner les meilleurs moments, BeReal pousse les utilisateurs à poster une photo instantanée à un moment aléatoire de la journée, lorsque l’application les en informe. L’objectif est de promouvoir une vision plus authentique de la vie, sans filtres ni mise en scène.
Cette approche axée sur l’authenticité a rapidement gagné en popularité, en particulier parmi les adolescents. Cependant, les effets de cette spontanéité peuvent être mitigés. D’un côté, elle réduit la pression de présenter une vie idéalisée, mais de l’autre, elle peut générer une nouvelle forme de pression : celle de devoir se montrer authentique sur commande. Ainsi, bien que BeReal s’oppose à la culture des apparences souvent encouragée par d’autres plateformes, elle peut tout de même engendrer des effets négatifs sur l’estime de soi et la pression sociale ressentie.
Les réseaux sociaux : entre soutien et risques pour la santé mentale
Selon une étude de Kaitlyn Burnell et Jacqueline Nesi (2023), l’utilisation des réseaux sociaux a des effets ambivalents sur la santé mentale des jeunes. Certains adolescents y trouvent un soutien social et un espace pour explorer leur identité. Pour d’autres, cependant, les impacts sont négatifs : anxiété, dépression et comparaison sociale excessive sont monnaie courante, souvent exacerbées par le harcèlement en ligne. Ces effets négatifs trouvent leur origine dans plusieurs mécanismes psychologiques. La comparaison sociale, rendue quasi inévitable par l’exposition constante aux images et aux publications d’autrui, peut créer un sentiment d’infériorité et une insatisfaction chronique. De plus, le besoin de validation par des likes ou des commentaires pousse les adolescents à rechercher constamment l’approbation des autres, ce qui peut mener à une diminution de l’estime de soi lorsqu’ils ne reçoivent pas la réponse attendue. Le harcèlement en ligne, facilité par l’anonymat et l’absence de régulation stricte, exacerbe encore plus ces sentiments négatifs, en particulier chez les jeunes les plus vulnérables.
Les pièges cachés des réseaux sociaux pour les adolescents vulnérables
L’impact des réseaux sociaux varie en fonction de nombreux facteurs, tels que le genre, la personnalité et le contexte social. Une étude réalisée à Chennai en 2023 a révélé que les adolescentes sont particulièrement vulnérables, subissant des niveaux accrus de détresse mentale en raison d’une plus grande exposition aux interactions numériques et à la comparaison sociale. Les jeunes ayant des troubles psychiatriques préexistants, comme l’anxiété ou la dépression, peuvent voir leurs symptômes aggravés par une utilisation excessive des réseaux sociaux, notamment en cas de consommation passive de contenu, comme le simple défilement sans interaction.
Vers une utilisation plus saine des réseaux sociaux
Face aux risques associés aux réseaux sociaux, des mesures de régulation et d’éducation sont indispensables. La sensibilisation aux effets des interactions en ligne, l’enseignement de stratégies pour gérer le temps d’écran, ainsi que l’encouragement à une utilisation consciente peuvent atténuer les effets négatifs. Parents et éducateurs jouent un rôle clé en encadrant ces pratiques, en se formant eux-mêmes pour comprendre les enjeux et les risques des réseaux sociaux, et en montrant l’exemple par leur propre comportement numérique. Il est crucial qu’ils encouragent des discussions ouvertes sur les expériences numériques des jeunes, tout en restant informés et en étant proactifs dans l’accompagnement de ces derniers.
Les adolescents doivent également apprendre à développer un esprit critique vis-à-vis du contenu qu’ils consomment. Les programmes scolaires qui intègrent des modules sur la littératie numérique contribuent à renforcer leur résilience face à la pression sociale et au cyberharcèlement.
Des initiatives prometteuses pour une meilleure santé mentale
Certaines plateformes commencent à intégrer des fonctionnalités visant à limiter les effets néfastes sur la santé mentale. Par exemple, des rappels pour limiter le temps d’écran ou encourager des pauses régulières ont été introduits. Ces initiatives montrent que des solutions technologiques peuvent être une partie de la réponse aux préoccupations croissantes concernant la santé mentale des adolescents.
Conseils pratiques pour un usage équilibré des réseaux sociaux
Pour promouvoir un usage sain des réseaux sociaux chez les adolescents, voici quelques recommandations pratiques :
Limiter le temps d’écran : Fixez des limites de temps quotidiennes sur les applications. Passer plus de trois heures par jour sur les réseaux sociaux augmente le risque d’anxiété et de dépression.
Encourager des activités hors ligne : Incitez les jeunes à participer à des activités physiques et sociales hors des écrans. Les loisirs créatifs et le sport peuvent être des antidotes puissants aux effets néfastes des réseaux sociaux.
Favoriser une communication ouverte : Encouragez les discussions régulières entre parents, éducateurs et adolescents sur leurs expériences en ligne. Cela aide à détecter rapidement les signes de détresse et à les aborder de manière proactive.
Développer la littératie numérique : Apprendre aux jeunes à interpréter de manière critique le contenu des réseaux sociaux et à identifier les signes de manipulation ou de harcèlement est essentiel pour renforcer leur résilience.
Utiliser des outils de surveillance adaptés : Les applications qui aident les parents à encadrer l’utilisation des réseaux sociaux de leurs enfants, tout en respectant leur vie privée, peuvent contribuer à une utilisation plus sereine.
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Que pensez-vous des impacts des réseaux sociaux sur les jeunes ? Avez-vous des astuces pour un usage équilibré des réseaux sociaux ? Partagez vos idées dans les commentaires ci-dessous !
Références scientifiques
- Burnell, K. & Nesi, J. (2023). Adolescent Social Media Use and Mental Health: Current Research and Future Directions. DOI: 10.1016/j.jaac.2023.07.934
- Suganya M. et al. (2023). Effectiveness of Social Media on Mental Health of Adolescent Students in Chennai City. DOI: 10.36713/epra15230
- Panayiotou, M. et al. (2023). Time spent on social media among the least influential factors in adolescent mental health: preliminary results from a panel network analysis. DOI: 10.1038/s44220-023-00063-7
- Kelly, Y. et al. (2018). Social Media Use and Adolescent Mental Health: Findings From the UK Millennium Cohort Study. DOI: 10.1016/j.eclinm.2018.12.005
- Nereim, C. et al. (2020). Social Media and Adolescent Mental Health: Who You are and What You do Matter. DOI: 10.1016/j.jadohealth.2019.11.237
Pour approfondir le sujet nous avions proposé un article sur la préparation des enfants à un bon usage du numérique dans un article précédent.